Que suffit-il pour l’embouteillage d’eau de source ?

Que suffit-il pour l’embouteillage d’eau de source ?

Il y a une vingtaine d’années, une filiale d’un des 2 groupes mondiaux de l’embouteillage d’eau m’a demandé de les aider à réduire le prix de revient industriel de 2 usines dans un pays du Proche-Orient, pour améliorer la marge très faible face à la grande distribution. Comment ? Nous avons réussi grâce au raisonnement Valeur(s) et au Value(s) Design.

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Notre démarche tient en une question : « Que suffit-il pour répondre aux vrais besoins ? ».        

A quoi sert  ce que fait cette entreprise ? Un travail méthodique[1] avec les outils du Value(s) Design nous mène à une (re)découverte : tout cela sert … désaltérer les consommateurs !

Que suffit-il donc pour répondre à ces besoins ? Un peu de bon sens : pour désaltérer les assoiffés, il suffit … d’eau saine et de bon goût. Pourquoi pas de source, puisque dans ce pays l’eau de distribution locale n’a pas bon goût.

Or, combien coûte l’eau de la source pour l’industriel ? Dans le cas étudié : rien !... L’entreprise a reçu gratuitement le droit d’exploiter la concession de la source de montagne.

 

Conclusion : pour répondre au vrai besoin des consommateurs, il suffit de leur vendre l’eau de la source, gratuite !? Une solution radicale est alors imaginée (il y a 20 ans !) : la vente d’eau ‘en vrac’, livrée en camion-citerne au magasin, où les clients viendraient remplir leurs bouteilles.

 

Résultats : un impact gigantesque sur le prix de revient ET la consommation énergétique ET réduction du prix de vente ET augmentation de la marge ET sur l’environnement : plus aucun plastique dans la nature et infiniment moins de pollution de la montagne !

 

[1]  Voir ici une vidéo d’une analyse plus poussée : 

https://www.youtube.com/watch?v=w41vwn2nroY&t=10s

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Utopique ?

Dans certains pays où l’on a besoin d’eau mais pas les moyens de se payer les bouteilles, on la met en effet dans les récipients recyclables.

Les humanitaires livrent l’eau dans des ‘poches’ en plastique. A première vue aussi polluant, mais il y a 4 à 5 fois moins de plastique (3-4g pour 1,5 litre au lieu de 12-15g) et c’est bien plus facile à recycler puisque à plat quand c’est vide et en 1 seule matière (pas de bouchon).

Au Québec, le lait est d’ailleurs vendu en ‘berlingots’ comme en Europe au XXe siècle : on a tous des carafes chez nous !

De nouveaux acteurs du marché de l’eau installent dans les restaurants des mini-usines de filtration locale de l’eau de distribution, contenues dans des carafes nettoyées sur place.

Et cette idée de vente d'eau 'en vrac' existe aujourd'hui en France !

 

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source photo : https://actu.fr/economie/de-l-eau-en-vrac-dans-les-magasins-pour-remplacer-les-bouteilles-en-plastique_35214976.html

 

Évidemment, cette innovation radicale met en péril le business model de ce groupe mondial, basé sur la maîtrise du process de fabrication de bouteilles en plastique !

D’autres solutions « qui suffisent » compatibles avec ce business model ont été imaginées et certaines mises en œuvre :

  • limiter le poids de plastique de la bouteille de 15 à 10g,
  • remplacer le bouchon (8% du plastique) par un clip,
  • récupérer les palettes (qui ne l'étaient pas),
  • réutiliser les films de palettes,
  • fabriquer les bouteilles en zone portuaire en amenant l’eau de la source en camion-citerne,
  • former les transporteurs pour mieux charger les camions et  conduire mieux
  • etc.

Résultats concrets du projet : économies plus importantes que prévu (moins que l'objectif - trop ambitieux ;-) + impact environnemental réduit + impact social évité. 

 

Manille

source photo : https://www.flickriver.com/photos/partir-en-voyages/9355666709/

 

Et quelques années plus tard, un des cadres de l’industriel a quitté ce groupe pour monter une entreprise sociale : il a obtenu à peu de frais la concession d’un puits à Manille, y a installé une ensacheuse d’occasion, fabriqué des ‘sacs d’eau’ (3g de plastique), distribués aux gamins des rues transformés de délinquants en « porteurs d’eau » !

Et pour éviter que les sacs vides ne finissent dans la rue et la mer ?

Il donne le matin 10 sacs d’eau à chaque enfant, qui va les vendre au prix qu’il peut et garde l’argent … mais il n’aura les 10 prochains sacs QUE s’il ramène les 10 sacs vides et paye quelques % pour couvrir les coûts ;-)

Eh oui, on PEUT éviter la pollution par les bouteilles en plastique en faisant vivre (et travailler dans des conditions décentes) des enfants !

 

Grâce au raisonnement Valeur(s) et au Value(s) Design !

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